9 juillet 2022

Projet associatif 2022-2027

Le projet associatif se nomme également « PRAD » (Projet régional d’action et de développement). Ce dernier a été voté lors de l’Assemblée Générale Ordinaire le 11 juin 2022, et est issu d’un travail collectif engagé en janvier de la même année.

Des définitions sont proposées dans le lexique pour les mots en rouge au sein du texte.

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Sommaire

  1. Introduction

  2. Identité politique – Principes de nos actions

  • L’identité des CEMÉA
  • L’émancipation contre toutes les formes d’oppressions
  • La laïcité pour faire société
  • Agir avec les jeunes, les jeunesses
  • Temps libérés, émancipateurs
  • Le soin mutuel comme outil de transformation sociale et politique
  1. La vie du mouvement

  • Un accueil et un fonctionnement pour une mise en réussite collective
  • Une entité ancrée dans un réseau CEMÉA national
  • Une répartition sur le territoire régional à poursuivre
  1. Les actions fortes que l’on souhaite poursuivre/développer

  • Une approche globale de l’éducation
  • Des actions fortes dans le champ de l’animation
  1. Nos envies et nos souhaits de développement

  • CEMÉA organisateurs : un moyen d’agir notre rapport au dehors
  • Des pratiques culturelles et d’expression émancipatrices
  • Dépasser la différence en milieux spécifiques
  • Esprit critique et communs du numérique
  1. Lexique

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1 | Introduction

Lorsqu’il est rédigé, le projet associatif (aussi appelé PRAD « Projet Régional d’Action et de Développement ») est pensé comme le document qui constituera le guide d’action et d’orientation pour 5 années. Celui-ci couvre la période 2022 – 2027. Impulsé et coordonné par le conseil d’administration, le travail d’élaboration a été mené en concertation avec les militant·es permanent·es et non permanent·es.

Les CEMÉA du Centre – Val de Loire (CEMÉA CVL) souhaitent inscrire leurs actions en adéquation avec le contexte sociétal. Si les crises ne sont pas récentes, ils ne peuvent que constater l’exacerbation aussi bien des isolements que des déplacements en lien avec les crises écologiques, géopolitiques ou sanitaires. Ce contexte conduit les CEMÉA CVL à penser de nouvelles approches tout en continuant les actions existantes. En ce sens, ce projet associatif a l’ambition de structurer nos actions au vu des enjeux actuels et à venir.

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2 | Identité politique – Principes de nos actions

2.1 | L’association des CEMÉA du Centre – Val de Loire

Association loi 1901 reconnue d’utilité publique, les Centres d’entraînement aux Méthodes d’Éducation Active du Centre – Val de Loire (CEMÉA CVL) adhérent au réseau national des CEMÉA, et se reconnaissent dans le projet associatif national. Ils s’inscrivent dans le mouvement et l’histoire de l’éducation populaire et de l’éducation nouvelle, et leur action est guidée par les principes énoncés par Gisèle de Failly lors du Congrès de 1957. Les CEMÉA CVL se déclinent sous trois formes complémentaires :

  • Une association avec des adhérent·es réuni·es autour d’un projet associatif et un fonctionnement politique déterminé.
  • Un Organisme de Formation en adhésion avec un projet éducatif national, des formateur·rices.
  • Un mouvement avec des militant·es s’inscrivant dans des valeurs communes.

Les compétences des militant·es de l’association couvrent des domaines diversifiés, tels que le handicap, l’activité manuelle, les activités d’expression, l’accompagnement culturel, l’activité physique et les jeux sportifs, l’animer dehors, l’aménagement, les organisations collectives, le travail en réseau, etc.

2.2 | L’émancipation contre toutes les formes d’oppressions

Les CEMÉA CVL se positionnent contre les oppressions (notamment d’âge, de classe, de genre, de race, de validité) tout en reconnaissant leur existence. Ils affirment la nécessité d’un travail de réflexion sur les pratiques professionnelles, militantes et pédagogiques, y compris au sein du mouvement. Dans la lignée de pédagogues comme Paulo Freire, les CEMÉA CVL cherchent à rendre les espaces dans lesquels ils agissent les plus inclusifs possible, et mènent un travail de fond sur les façons d’être allié·es. L’horizon visé est l’émancipation des personnes par l’expérience d’espaces de vie collective réfléchis dans leurs structurations, leurs aménagements et leurs organisations.

2.3 | La laïcité pour faire société

Pour les CEMÉA CVL, la laïcité est l’ouverture à la compréhension de l’autre dans la connaissance des différences et dans le respect du pluralisme. C’est un combat quotidien pour la liberté d’expression de chacun·e. Dans leurs actions, les CEMÉA CVL souscrivent à ces principes, mettent en œuvre des modalités encadrant l’exercice individuel de ces droits au sein d’un collectif. S’inscrivant dans l’esprit de la loi sur la laïcité de 1905, les CEMÉA CVL réaffirment que celle-ci ne doit pas être détournée du but initial pour des raisons contraires au projet de société porté. La laïcité ne peut en aucun cas constituer un outil d’exclusion.

2.4 | Agir avec les jeunes, les jeunesses

Les CEMÉA CVL défendent un accompagnement des jeunes vers l’émancipation, l’autonomie et l’indépendance. Ils agissent pour que les jeunesses puissent augmenter leur pouvoir d’action sur les sujets qui les concernent. Pour cela, les CEMÉA CVL développent des espaces d’expérimentation, de réflexion et d’analyses des pratiques, aussi bien auprès des jeunesses qu’avec les bénévoles, volontaires ou professionel·les qui les accompagnent.

2.5 | Des temps libérés émancipateurs pour tous·tes

Propices aux aventures individuelles et collectives riches en apprentissages, les CEMÉA CVL affirment que les temps libérés représentent un enjeu de société majeur. En cela, ils souhaitent générer des espaces pratiques et théoriques permettant de nourrir un imaginaire dépassant celui d’une vision où les loisirs de consommation et marchands seraient la seule option en dehors des temps d’éducation formelle et de travail. Les CEMÉA souhaitent continuer d’agir avec force pour le droit et l’accès aux vacances et à des loisirs émancipateurs pour tous·tes.

2.6 | Le soin mutuel comme outil de transformation sociale et politique

Les CEMÉA CVL militent pour une société du soin mutuel ayant une dimension politique et collective. Pour progresser dans leurs actions, ils estiment qu’il est nécessaire d’être dans un travail d’actualisation des références. L’association souhaite ainsi s’inspirer des travaux en lien avec l’éthique du care, fondée sur la préservation des liens, des relations et de l’environnement (développé dans les années 80 par Carol Gilligan). Pour nous, l’éthique du care permet de mettre au centre de l’attention la construction des vulnérabilités et des dépendances, et constitue un outil puissant de lutte contre toutes formes d’oppressions.

En ce sens, les CEMÉA CVL se reconnaissent dans le manifeste national des CEMÉA : « Le soin n’est pas plus réductible au système de santé que l’éducation n’est réductible à l’école ». Ils affirment que le soin mutuel doit imprégner toutes les strates de l’existence (dans les institutions comme en dehors), et défendent les différents aspects de ce dernier (se soucier de ; prendre en charge ; prendre soin ; recevoir du soin). De cette façon, le soin mutuel constitue un véritable levier de décentrement permettant la rencontre de l’autre, quelles que soient ses singularités.

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3 | La vie du mouvement

3.1 |Un accueil et un fonctionnement pour une mise en réussite collective

Se déplacer, être en mouvement, changer de direction… Issu du latin « remuer », le mouvement implique la notion d’avancement et de remise en question. Les CEMÉA CVL se reconnaissent dans cette idée, et donnent une importance à ce que les militant·es puissent se retrouver régulièrement pour faire corps, échanger, confronter les idées, monter collectivement en compétence… En ce sens, la vie du mouvement de l’association doit être pensée de manière à aller vers une joie militante.

Ainsi le conseil d’administration et les permanent·es organisent la vie du mouvement en conséquence et proposent :

  • d’accueillir et d’accompagner les militant·es vers une appropriation de la culture commune des CEMÉA CVL ;
  • d’animer des espaces de formation, de réflexion et de pratiques d’activités (formation de formateur·rices, accueil de nouveaux·lles, week-end de regroupement, soirées thématiques, etc.) ;
  • des moyens pour qu’un·e militant·e puisse s’impliquer dans la vie du mouvement (accessibilité des locaux, partage des ressources, participation à de la recherche-action, possibilité de créer ou de s’impliquer dans des groupes locaux/régionaux d’activités ainsi que d’y être accompagné.)

Dans une optique de démocratie interne forte, la vie institutionnelle du conseil d’administration est structurée par des statuts, un règlement intérieur et une charte de fonctionnement disponibles sur le site de l’association, et réévalués chaque année. À travers un fonctionnement par commission, l’ambition est le déploiement d’espaces sécurisants à l’intérieur desquels les acteur·rices (nouveaux·lles comme ancien·nes) de la vie institutionnelle trouvent l’occasion de s’encapaciter, de s’accompagner et de progresser. Dans ce cadre, les CEMÉA CVL défendent une culture de l’explicitation, de la transparence et des traces écrites.

Les CEMÉA CVL militent pour différentes formes d’engagement au sein du mouvement. Ils défendent ainsi le volontariat associatif indemnisé (formalisant un engagement sur une période définie) aussi bien que le bénévolat (permettant à des militant·es d’agir librement et sans rémunération pour mener une action). Dans l’un comme dans l’autre, les CEMÉA CVL agissent pour accompagner et valoriser ces engagements individuels, portés par des personnes pour le projet collectif.

3.2 | Une entité ancrée dans un réseau CEMÉA national

L’association des CEMÉA CVL fait partie d’un réseau privilégié composé d’autres associations territoriales en cohérence avec un échelon national. Ce réseau donne lieu à des échanges d’actions et d’idées, et permet une forte mobilité entre salarié·es, administrateur·rices, militant·es. Dans une optique de renforcement mutuel et de solidarité, les CEMÉA CVL souhaitent maintenir une présence active dans les espaces nationaux, et réfléchissent aux conditions permettant l’établissement d’échanges soignés et adaptés.

3.3 | Une répartition sur le territoire régional à poursuivre

De manière générale et lorsqu’ils agissent sur un territoire, les CEMÉA CVL souhaitent en identifier les enjeux et spécificités propres. La compréhension du milieu est en effet capitale pour garantir le sens des actions déployées. Pour ce faire, l’association n’hésite pas à s’impliquer dans des partenariats et à s’associer à des initiatives existantes, comme lors de coportages de projets par les CEMÉA CVL aux côtés de Centres Sociaux ou d’autres associations Jeunesse Éducation Populaire.

À l’heure de l’écriture de ce PRAD, ils sont présents principalement sur l’axe ligérien, et particulièrement sur les villes des métropoles de Tours (37) et d’Orléans (45). Ils déploient certaines actions dans des zones urbaines comme Amboise, Blois, Bourges ou Châteaudun ; ou en zone rurale comme à Bueil-en-Touraine ou Faverolles-sur-Cher.

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4 | Les actions fortes que l’on souhaite poursuivre et développer

4.1 | Une approche globale de l’éducation

En tant qu’acteurs de l’éducation nouvelle et populaire, les CEMÉA se positionnent comme partenaires historiques de l’école, et la défendent en tant que lieu d’éducation ouvert et public. Cette dernière contribue incontestablement à la construction sociale de chaque enfant qui la traverse. Les CEMÉA souhaitent agir aussi bien dans et en dehors de l’école, ceci pour promouvoir la réussite éducative de toutes et tous, lutter contre les inégalités, permettre l’apprentissage du vivre ensemble, etc. Dans la poursuite de cet objectif, ils participent ainsi aux débats concernant l’école, sur les questions de décrochages, d’inclusion, de rythmes, etc.

Les CEMÉA CVL défendant l’éducation comme globale, ils croient en l’intérêt d’ouvrir l’école et de permettre aux personnels de cette dernière de s’outiller à travers des expériences d’éducation nouvelle et populaire, sur des questions aussi diversifiées que la gestion d’une vie collective, les violences, le soin mutuel, l’environnement, etc. Pour cela, les CEMÉA CVL se positionnent en tant qu’acteurs pour faire vivre des partenariats structurés, permettant la coconstruction de projets inscrits dans cette éducation globale. Ils sont également repérés comme intervenants de qualité au sein de la formation professionnelle initiale et continue (charte qualité, accompagnement sur des projets éducatifs de territoires, réussite éducative…).

En promouvant l’éducation nouvelle, les CEMÉA interviennent à différents niveaux auprès :

  • des élèves ;
  • des personnels d’animation, de direction, d’enseignement, de restauration, de vie scolaire (en formation ou en poste) ;
  • des partenaires locaux (municipalités, périscolaires, centres sociaux, etc.) ;
  • des réseaux (Collectif des associations partenaires de l’école publique [CAPE]) ;
  • des institutions (Rectorat, Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sports [DRAJES], Institut national supérieur du professorat et de l’éducation [INSPÉ CVL], Plan académique de formation [PAF]).

| Finalités souhaitées :

  • Promouvoir une éducation globale et multiplier les projets communs entre école et éducation populaire.
  • Reconstituer et animer un réseau école, constitué de militant·es agissant en dedans et en dehors de cette dernière.
  • Restructurer des rencontres et des échanges de pratiques, et soutenir les initiatives militantes.
  • Soutenir l’émergence de nouvelles actions et de positionnements politiques, s’appuyant sur des actions concrètes.
  • Retrouver une place en tant qu’intervenant·es en face à face avec les élèves.
  • Agir plus intensément auprès des personnel·les scolaires (formation professionnelle, organisation ou intervention dans des débats).

4.2 | Des actions fortes dans le champ de l’animation

L’animation volontaire est l’un des piliers de notre mouvement pour ce qu’elle amène comme espaces de pratique, d’action et de formation pour les militant·es. Elle est un puissant moyen de rencontre pour des personnes s’inscrivant dans un cursus BAFA ou BAFD, et qui s’impliquent donc dans des actions d’éducation et d’animation volontaire. C’est autour d’elle que la plupart des militant·es du mouvement se mobilisent (lors des campagnes BAFA-D) ou se réunissent (regroupements AV, formations internes). L’animation volontaire représente un important biais de transformation de l’éducation pour les CEMÉA CVL, en permettant une réflexion sur les pratiques, une rencontre des acteur·rices dans des situations d’entraînement, hors des situations réelles et où l’erreur est possible. Enfin, elle est un vecteur de transformation sociale par l’itinéraire d’engagement et d’émancipation qu’elle propose pour les stagiaires accueilli·es (jeunes adultes pour la plupart). Elle formalise en effet des espaces propices aux questionnements sur des sujets qui débordent du champ de l’animation, tels que l’autorité, l’organisation collective, les sujets de société, etc.

L’animation professionnelle (qu’elle soit qualifiante ou continue) est le champ par lequel les CEMÉA CVL prennent une part active à la formation des professionnel·les du territoire. C’est par elle que l’association construit un lien actif entre les partenaires institutionnels, les structures de jeunesse du territoire et les professionnel·les d’aujourd’hui et de demain. Au-delà des apprentissages techniques, et dans un souci que la professionnalisation ne dépolitise pas l’action, les CEMÉA CVL conçoivent la formation professionnelle comme un véritable outillage politico-pédagogique. L’espace professionnel ne pourrait en effet se réduire au travail socioculturel, et doit rester un champ fort de l’éducation populaire.

L’animation professionnelle aux CEMÉA n’est pas à déconnecter du mouvement militant : si elle est portée et coordonnée par les permanent·es de l’association, des ponts sont réfléchis entre les militant·es et la formation professionnelle – par exemple, en donnant accès à des contenus de la formation professionnelle aux militant·es (selon des modalités définies), ou en permettant à ces dernier·es d’intervenir afin de nourrir de leurs pratiques celles des professionnel·les en formation. Les CEMÉA CVL investissent également l’animation professionnelle dans une dynamique de partenariat avec d’autres associations JEP (Jeunesse Éducation Populaire), dans le but de lutter contre l’accaparement des formations professionnelles par les entreprises marchandes, capables d’offres plus compétitives que ce que peuvent proposer des associations JEP isolées.

| Finalités souhaitées :

  • Poursuivre les travaux de conventionnement (tels que les BAFA de territoire) aux portées autant politiques que techniques, afin de développer nos formations BAFA-D de façon cohérente et qualitative sur la région.
  • Poursuivre la formation en interne des militant·es pour accroître nos capacités d’encadrement, autant sur les BAFA que sur les BAFD.
  • Poursuivre les dynamiques d’accueil de stagiaires en formation professionnelle au sein de l’association.
  • Poursuivre les dynamiques de partenariats avec des acteur·rices JEP (réponses par lots, mutualisation des locaux, etc.), autant au niveau institutionnel qu’au niveau des adhérent·es.
  • Faire évoluer les représentations de ce qu’est le travail d’animateur·rice en participant à des travaux régionaux et nationaux du réseau ou de partenaires.
  • Défendre un contexte salarial non précaire et désirable dans le champ de l’animation.
  • Défendre les logiques de volontariat éducatif.

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5 | Nos envies et nos souhaits de développement

5.1 | CEMÉA organisateurs : un moyen d’agir notre rapport au dehors

Historiquement impliqués dans les actions de transformation sociale, les CEMÉA CVL affirment agir pour une éducation à l’environnement, comprenant aussi bien le milieu naturel, l’environnement corporel, la vie quotidienne, et le milieu social. C’est bien dans cette vue d’ensemble qu’une éducation à l’environnement peut permettre chacun·e d’adapter son comportement au sein de la tension permanente préservation / action de modification.

Les CEMÉA CVL développent cette approche systémique en permettant notamment la réflexion sur le rôle des acteur·rices éducatif·ves (mise en œuvre de conditions favorables à la découverte, rapports empathiques aux autres, organisation permettant le soin, etc.). Ils donnent également accès à l’appropriation et à la modification des espaces, ceci à travers l’organisation de vies collectives, l’utilisation d’activités d’éducation relative à l’environnement, l’élaboration d’espaces autogérés, etc. Qu’il soit explicité ou non, le rapport à l’environnement constitue donc un objectif majeur d’apprentissage pour l’association, et ceci dans une dimension collective.

Fortement en lien avec cette thématique, les CEMÉA CVL affirment vouloir s’impliquer davantage dans l’organisation d’espaces de loisirs pouvant aussi bien être des accueils collectifs de mineur·es que d’autres types d’expérimentations (terrains d’aventures, écoles buissonnières, etc.). Que ce soit en zones urbaines ou rurales, les CEMÉA souhaitent permettre l’accès à des loisirs émancipant et aux vacances pour des personnes qui n’en ont pas l’accès ou qui en sont tenues éloignées.

| Finalités souhaitées :

  • Pérenniser une commission politique sur les questions de l’organisation d’accueils au sein des CEMÉA CVL, et décliner des actions pratiques à travers de la formation de formateur·rices, des regroupements, etc.
  • Générer (par la création ou le soutien) des espaces soutenant les logiques d’accès aux temps libérés / émancipateurs.
  • Donner accès à de nouveaux espaces de (co)formation, aussi bien pour des stagiaires de la formation volontaire ou professionnelle que pour les militant·es de l’association.
  • Organiser des accueils pour renforcer une position d’acteur de formation pour les acteur·rices de l’éducation populaire et tendre à une modification des pratiques, pour lutter contre la marchandisation et technocratisation des loisirs.

5.2 | Des pratiques culturelles et d’expression émancipatrices

Les CEMÉA CVL se reconnaissent dans les mots de Robert Lelarge : « L’expression est à la fois une manière d’agir pour soi, mais aussi un moyen d’établir des rapports avec les autres ». En ce sens, ils défendent des pratiques d’expression échappant aux rapports d’oppression et capitalistes, et souhaitent déployer des actions culturelles accessibles inclusives et propices à l’expérimentation. Ainsi, si les CEMÉA CVL proposent de l’accompagnement culturel autour de supports ou pratiques artistiques inscrites directement ou non dans des rapports marchands, ils choisissent surtout de déployer des pratiques d’expression au sens large (expression plastique, expression théâtrale, expression musicale, etc.).

Ces pratiques culturelles et d’expression se vivent au sein de l’association de manière transversale, dans un nombre important de formation ou à l’occasion de regroupements régionaux ou de formation de formateur·rices. Les CEMÉA CVL se sont également appuyés sur les événements proposés par le réseau national, en particulier le Festival International du Film d’Éducation (FIFE) et le Printemps de Bourges. Par ceux-là, l’association propose des démarches d’accompagnement culturel à destination des publics accueillis et des militant·es, qui doivent permettre la participation des personnes habitant les territoires où se déroulent les événements.

Les CEMÉA CVL défendent l’accompagnement culturel plutôt que la médiation culturelle dans et hors les institutions et événements (scolaire, accueils collectifs de mineur·es, instituts de formation…).

| Finalités souhaitées :

  • Expérimenter de l’activité d’expression et se former sur l’accompagnement culturel (en interne comme en se déplaçant sur les propositions culturelles des territoires).
  • Poursuivre la dynamique autour du FIFE et le déploiement d’Echos à l’échelle régionale.
  • Déployer des actions avant, pendant et après le Printemps de Bourges, et retrouver une place sur ce territoire et alentours.
  • Proposer des événements culturels hors des lieux-moment que sont les festivals eux-mêmes, avec une réflexion sur l’accessibilité et les publics visés.
  • Irriguer l’école et les lieux de formation aux métiers du social ou de l’éducatif (aux CEMÉA ou en externe) en supports culturels avec un accompagnement qui ne soit pas uniquement axé sur l’aspect formatif / éducatif.

5.3 | Dépasser la différence en milieux spécifiques

Les CEMÉA CVL ne défendent pas le soin comme un objet propre aux professionnel·les du monde médical, thérapeutique, etc., mais défendent un monde dans lequel chacun·e composerait avec les autres dans un rapport de soin mutuel adapté, hors de toutes dynamiques d’oppressions. En ce sens, les CEMÉA CVL envisagent leurs actions dans les milieux dits spécifiques ou spécialisés avec une grande vigilance à poursuivre des objectifs d’éducation populaire et nouvelle, et à éviter toute dynamique de marginalisation.

C’est dans ce paradigme que les CEMÉA CVL souhaitent investir les thématiques de la différence et du handicap. L’association souhaite organiser la montée en compétence collective des militant·es sur ces questions, et il lui semble en effet pertinent de pouvoir développer une culture commune sur des aspects pratiques et théoriques, allant de la gestion de crise à l’accompagnement d’un·e enfant placé·e par l’aide sociale à l’enfance, au suivi sanitaire spécifique à l’inclusion dans l’activité, etc.

Enfin, les CEMÉA CVL désirent poursuivre le travail initié en 2021 dans des milieux fermés tel que celui de la prison, à la condition essentielle de pouvoir y déployer des espaces d’encapacitation et d’éducation populaire, et ce malgré les contraintes structurelles.

| Finalités souhaitées :

  • Mettre en place des espaces d’échanges sur des thématiques spécifiques, pour permettre aux militant·es de se raconter et de se partager des connaissances et des pratiques.
  • Permettre la rencontre entre des militant·es impliqué·es professionnellement dans les champs de la différence, et celles et ceux qui ne le sont pas.
  • Maintenir une approche critique lors du déploiement de nos actions dans des institutions accueillant des publics spécifiques, afin de garantir des actions s’inscrivant dans une dynamique d’éducation populaire et nouvelle.

5.4 | Esprit critique et communs du numérique

Les CEMÉA CVL défendent une pratique critique des outils numériques et souhaitent participer à la diffusion des communs du numérique, libérés de l’économie de l’attention et du capitalisme de surveillance. En ce sens, les CEMÉA CVL ont fait le choix d’utiliser les services libres et pratiques du prologiciel Zourit, fortement inscrit dans une éthique du numérique. Ce choix n’est pas un fait isolé : il s’inscrit dans une dynamique de réseau au sein des CEMÉA, et une dynamique de tests et d’accompagnement permettant une amélioration continue de ces services.

D’autre part, les militant·es des CEMÉA CVL investissent ponctuellement des espaces pour travailler les sujets autour des médias, de l’esprit critique, du décryptage de l’information, de la haine en ligne de l’info/intox, etc. Ces sujets peuvent être abordés comme objets principaux de formation lors d’approfondissements BAFA spécifiques ou lors d’actions d’éducation aux médias et à l’information, mais se retrouvent plus largement dans d’autres actions à travers la formation à l’esprit critique.

| Finalités souhaitées :

  • Vivre des pratiques en lien avec le numérique et s’outiller collectivement.
  • Augmenter le niveau de connaissances des membres du conseil d’administration et des militant·es salarié·es de l’association, autant sur l’usage des outils que sur les enjeux politiques en lien avec les communs du numérique.
  • Poursuivre des actions de sensibilisation et de prise en main de ce type de services.
  • Faire du lien avec des associations compétentes sur ces questions (Zourit, Framasoft…).
  • Déployer des actions d’éducation aux médias et à l’information dans tous les champs investis par l’association (animation professionnelle et volontaire, école, travail social et santé mentale, culture…).
  • Déployer auprès de partenaires les services utilisés aux CEMÉA s’inscrivant dans une éthique du numérique.

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6 | Lexique

Nous ajoutons un lexique pour faciliter l’appropriation et la diffusion des idées. Tout en maintenant un travail autour de nos fondamentaux, nous accordons une importance à l’actualisation des références et des connaissances. Des notions encore peu utilisées au sein du réseau CEMÉA apparaissent ainsi dans nos contenus, et les définir nous paraît être important pour faire culture commune.

Care (en référence au « soin » tel qu’il est envisagé dans ce document) : Fischer et Tronto suggèrent qu’« au niveau le plus général, […] le care soit considéré comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre “monde”, en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie. »
Éducation nouvelle : L’éducation nouvelle est un courant pédagogique qui défend le principe d’une participation active des individus à leur propre formation. Elle déclare que l’apprentissage, avant d’être une accumulation de connaissances, doit être un facteur de progrès global de la personne. Pour cela, il faut partir de ses centres d’intérêt et s’efforcer de susciter l’esprit d’exploration et de coopération : c’est le principe des méthodes actives. Elle prône une éducation globale, accordant une importance égale aux différents domaines éducatifs : intellectuels et artistiques, mais également physiques, manuels et sociaux. L’apprentissage de la vie sociale est considéré comme essentiel. (Wikipedia)
Éducation populaire : Bien qu’il soit difficile de la définir, l’éducation populaire est une éducation dont la forme est populaire, et elle est pour Christian Maurel un mouvement historique, social, éducatif, culturel et philosophique, à la racine de toutes les autres formes d’interventions éducatives, sociales, et culturelles. Pour Laurent Besse, elle serait une « action éducative qui prétend toucher principalement les milieux populaires et qui entend agir sur l’individu hors de l’école pour transformer la société ».
Émancipation : Étymologiquement l’émancipation veut dire « sortir ou se libérer de la main qui vous tient, ne plus être tenu par quelque chose ». En d’autres termes, l’émancipation est l’action de se libérer, de s’affranchir d’une autorité ou d’une domination, de se dégager d’une dépendance (physique, morale ou affective), et ce, en dehors des préjugés de l’époque ou de la société. L’émancipation individuelle et collective est ainsi un puissant moteur de transformation sociale.
Joie militante : Carla Bergman et Nick Montgomery ont choisi « de placer la joie et le militantisme ensemble dans le but de penser les liens entre détermination et amour, résistance et soin, combativité et régénération. […] [Être] militant·e de la joie signifie forger des notions communes qui peuvent permettre, alimenter et approfondir une transformation profonde ici et maintenant, en commençant là où les gens se trouvent, où que ce soit. » Pour Silvia Federici, la joie « n’est pas un état statique. Ce n’est pas la satisfaction des choses comme elles sont. C’est en partie ressentir la puissance et les capacités grandir en soi et chez celles et ceux qui nous entourent. » Le militantisme joyeux soutient la créativité collective, permet l’expérimentation et le droit à l’erreur. Il porte une attention aux relations interindividuelles et aux fonctionnements structurels pour prévenir, faire cesser et soigner les rapports oppressifs, aliénants, ou encore sacrificiels.
Laïcité : La laïcité est un système politico-juridique qui instaure une séparation entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Elle garantit à la fois la neutralité de l’État et sa non-ingérence dans les affaires religieuses. Pour autant, elle n’interdit pas les relations entre les pouvoirs publics et les autorités religieuses. La loi de 1905 proclame que « la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte » mais cela ne signifie pas qu’elle les ignore. Au contraire, elle « assure la liberté de conscience » et « garantit le libre exercice des cultes » dans les établissements fermés (casernes, hôpitaux, internats, prisons).
Oppression : Situation de domination inscrite dans des structures (cultures, mythes, institutions…) dans laquelle un groupe social minorisé subit un tord (discrimination, violence physique ou morale, exploitation…) par un groupe dominant tenant une position privilégiée. Les principales oppressions décrites en sciences humaines et sociales sont le sexisme, le classisme et le racisme, auxquels il convient d’ajouter le validisme et l’âgisme.
Vulnérabilité : Elle est le caractère de ce qui peut être blessé, endommagé, isolé, réduit. Dans la perspective du care et selon Paperman « la vulnérabilité est constitutive des vies humaines. […] Elle n’est pas réservée à certaines catégories de personnes ni à des groupes particuliers. » Toutefois, des personnes ou des groupes peuvent être assigné·es à des vulnérabilités construites par les rapports d’oppression.

 

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